Prescription : 64 départements sont des déserts médicaux ophtalmologiques
Les déserts médicaux sont une préoccupation majeure pour les pouvoirs publics, surtout dans un pays où la population vieillit. Un phénomène qui ne se limite pas seulement à la médecine générale, puisqu’il touche aussi le secteur de l’optique. C’est ce que nous apprend le hors-série du magazine BienVu sur l’observatoire du marché de l’optique.
Un accès à la prescription optique inégale selon le lieu de vie
Les médecins ophtalmologistes ne sont pas partout. Si certaines régions présentent une densité d’ophtalmologistes supérieure à la moyenne nationale (8,2 médecins pour 100 000 habitants) comme Sud-Est, le Sud-Ouest, l’Ile-de-France, ou encore les Pays-de-la-Loire), la majorité des départements – 64 en tout – ont été classés comme “déserts ophtalmologiques” avec moins de 8 ophtalmologistes pour 100 000 habitants. Un taux jugé trop faible pour permettre une bonne prise en charge de la population (délais d’attente trop longs, renoncement aux soins…).
Plus inquiétant encore, dans 23 départements, on dénombre moins de 5 ophtalmologistes pour 100 000 habitants. Les régions concernées sont la Bretagne, le Nord, le Centre de la France ou les régions montagneuses (Vosges, Pyrénées, Auvergne, Savoie, Haute-Savoie et Isère). Ces zones sont pourtant des départements dans lesquels la population est vieillissante, et où il y a une augmentation des besoins en termes de prise en charge médicale.
Les orthoptistes peuvent-ils être la solution ?
Confier la primo-prescription à une partie de la population aux orthoptistes a été envisagé par la loi de Financement de la Sécurité sociale 2022 pour pallier ce manque d’ophtalmologistes dans certaines régions. Mais là encore, lorsqu’on regarde la carte de répartition de cette profession en France, on se rend compte que c’est insuffisant. Là où l’on manque de médecins ophtalmologistes, on manque également d’orthoptistes.
Ils sont inégalement répartis sur le territoire (principalement en Ile-de-France, dans le Sud de la France ou en Rhône-Alpes). La plupart des départements ont une densité d’orthoptistes inférieure à 8,4 pour 100 000 habitants. Et ces départements sont aussi ceux qui manquent cruellement d’ophtalmologistes et qui ont une population âgée.
Rendre possible la délégation de tâches aux opticiens : une solution vertueuse
Finalement, parmi les 3 O, la profession qui offre le meilleur maillage du territoire, ce sont les opticiens. Malgré une sous représentativité dans certains départements, de l’Aube au Gers – et le nord de la France, où la densité en opticiens est en dessous de la moyenne nationale moins de 60,2 opticiens pour 100 000 habitants) les départements sont tous nettement mieux lotis en opticiens qu’en ophtalmologistes et en orthoptistes.
Par conséquence, pour pallier le non-recours aux soins visuels – conséquence directe des déserts médicaux – les opticiens ne remplacerons pas les ophtalmologistes mais pourraient collaborer davantage ensemble en tant qu’assistant médical et ainsi participer à l’amélioration du parcours de soin pour les patients, ce dans l’intérêt général.
Dans un contexte où les besoins optiques de la population grandissent plus vite que le nombre de prescripteurs – pour des raisons démographiques -, il est essentiel que la filière optique s’adapte à la situation, afin d’éviter le non-recours aux soins généralisé.