Dysphagie, anorexie ou boulimie à l'origine de certaines cataractes et rétinopathies diabétiques
Les causes d’apparition des pathologies oculaires sont souvent complexes et parfois multiples. Mais depuis quelques années, de nombreux travaux scientifiques ont montré une causalité entre certaines d’entre elles et des troubles de l’alimentation. On vous explique tout cela dans cet article.
La dysphagie (mauvaise déglutition) peut augmenter le risque de cataracte
La dysphagie, ou troubles de la déglutition, se caractérise par une difficulté à avaler de la nourriture solide ou liquide. Elle résulte d’une anomalie de l’épiglotte, un clapet situé dans la gorge et destiné à empêcher que la nourriture ne passe dans le larynx (organe menant à la trachée et destinée à la respiration). Cette épiglotte se positionne mal et bloque une partie de l’œsophage. L’accès au tube digestif se trouve ainsi réduit et la substance ingurgitée ne passe plus (ou très difficilement). La dysphagie est à la fois peu connue et mal diagnostiquée. Selon la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE), elle peut concerner jusqu’à 15% de la population (principalement les personnes atteintes des maladies d’Alzheimer et de Parkinson ou ayant fait un AVC sont particulièrement exposées).
Si, dans la majorité des cas, elle est très intermittente et passagère, la dysphagie peut cependant entraîner des fausses routes, parfois mortelles. Mais elle a également un impact sur la santé visuelle. Plusieurs études (publiées en 2019 dans la revue Ophthalmology, en 2021, dans le Journal of the American Geriatrics Society et en 2022 dans la revue Ophthalmic Epidemiology) ont en effet démontré que les patients atteints de dysphagie avaient entre 30 et 50% plus de chances de développer une cataracte que les personnes sans troubles de la déglutition.
L’anorexie est également incriminé dans l’apparition de la cataracte
On le sait : les yeux ont besoin de vitamines pour fonctionner et une bonne vue repose sur une bonne alimentation. Lorsqu’on se nourrit plus (ou très peu), cela peut donc avoir un impact sur votre santé visuelle. Ainsi, une étude publiée en 2017 dans la revue Nutrition and Metabolism a établi que les personnes atteintes d’anorexie (qu’elle soit causée par une maladie – cancer, gastro, … – ou par un trouble psychologique – anorexie mentale) ont plus de risque de développer une cataracte que les non-anorexiques. Et chez les personnes atteintes d’anorexie sévère, le risque est encore plus élevé.
La raison de ce lien n’est pas entièrement comprise, mais il est probable que les carences nutritionnelles associées à l’anorexie (les personnes atteintes d’anorexie sont souvent carencées en vitamines A, C et E, en zinc et en oméga-3) jouent un rôle. Ces nutriments sont en effet essentiels pour la santé des yeux et peuvent aider à prévenir la cataracte.
En outre, les patients souffrant d’anorexie ont souvent des taux d’hormones thyroïdiennes faibles, qui jouent un rôle important dans le métabolisme et la croissance des tissus, y compris les yeux.
Boulimie et anorexie peuvent aussi provoquer la rétinopathie diabétique
L’anorexie n’est pas le seul trouble du comportement alimentaire (TCA) à avoir un impact sur la vue et l’apparition de pathologies oculaires. Ainsi, une étude publiée en janvier 2022 dans le Journal of Diabetes & Metabolic Disorders conclut que les personnes atteintes d’anorexie et de boulimie ont trois fois plus de risques de développer une rétinopathie diabétique que les patients diabétiques sans troubles alimentaires. L’anorexie et la boulimie rendent en effet difficile le contrôle de la glycémie en raison d’une consommation alimentaire irrégulière. Il est également possible que certains diabétiques souffrant de troubles de l’alimentation évitent délibérément de prendre de l’insuline afin de gérer leur poids.
Les conclusions de cette étude ne sont pas à prendre à la légère quand on sait que les troubles alimentaires concernent jusqu’à une personne atteinte de diabète sur cinq et que la rétinopathie diabétique peut entraîner la cécité. Il est donc important, pour les patients souffrant de diabète, de consulter régulièrement un ophtalmologiste et cela même avant l’arrivée des premiers symptômes de la rétinopathie diabétique (vision floue ou brouillée, apparition de zones sombres ou de tâches flottantes, perception des couleurs avec moins d’intensité, difficulté à voir la nuit).
La dysphagie, l’anorexie ou la boulimie peuvent donc induire cataracte et rétinopathie diabétique. Cela rappelle le lien qui existe entre alimentation et santé visuelle. C’est pourquoi il est important de veiller à ce que les patients à risque de développer une pathologie oculaire s’alimentent correctement. Les personnes âgées sont particulièrement concernées. Heureusement, il existe des produits spécialement conçus pour que les patients puissent se nourrir et s’hydrater correctement, même lorsqu’ils souffrent de dysphagie (eau gélifiée ou épaississant).